On y est, avril 2015, ce mois si excitant où le 1er film de Ryan Gosling en tant que cinéaste débarque dans les salles françaises.
Inspiré
de l'atmosphère morose qui s'est abattue sur Détroit -première grande
ville des États-Unis à avoir demandé sa mise en faillite- c’est là que
l’équipe a posé
ses valises pour le tournage. C’est donc dans une ville en
décomposition,
frappée par la crise économique et désertée que le film suit les
errances de
Billy, une mère célibataire qui lutte pour son emprunt, sa maison et ses
deux
fils. Mais le scénario est beaucoup plus alambiqué : Bones, son fils
aîné,
découvre une route secrète menant vers une cité engloutie. Nous voilà
donc plongés
dans un conte social mêlé à une histoire fantastico-ahurissante.
Niveau casting, on retrouve des acteurs analogues à
Ryan :
Christina Hendricks (Billy, la mère) n’est autre que la
rousse incendiaire avec laquelle il ne se montre pas des plus tendres au sein
de Drive.
Ben Mendelsohn, acteur australien avec qui il partage
l’affiche de The Place Beyond the Pines et également Eva Mendes rencontrée sur
le même tournage et qui désormais joue un grand rôle dans sa vie privée :
celle de la mère de leur fille Esmeralda.
Et Iain de Caestecker,
le jeune héros de l’histoire qui ne recense jusqu’alors aucune
collaboration avec Ryan mais qui révèle quelques airs physiques.
Pour son premier long métrage -dans lequel il s’abstient de
tenir un rôle- Ryan nous présente un production esthétique et poétique. La
photographie est soignée dès les premières minutes et l’on perçoit très
vite les références aux cinéastes branchés contemporains qui l’ont
inspiré : monde de la nuit, bande-son omniprésente, tempo électro, plans fixes, couleurs saturées et néons empruntés à Nicolas Winding Refn le
réalisateur de Drive ou encore les traveling sur des paysages baignés de lumière de Terrence Malick.. Grand admirateur de Gaspard Noé (il
affirme d’ailleurs que son film préféré cru 2010 est Enter The Void, Aïe !)
Ryan Gosling a choisi de confier la photographie à Benoît Debie le
directeur photo attitré de Noé. Mais à vouloir sur-esthétiser son œuvre il se perd dans un scénario trop sophistiqué et peu compréhensible. Une œuvre arty qui plaira aux cinéphiles avertis mais
qui risque de s’attirer les foudres criants à la caricature prétentieuse du cinéma
indépendant.
1h35 il n’en fallait pas plus –ou en tout cas pas si
brouillon- car l’intérêt pour le film ne m’est venu que vers la moitié en
partie grâce à Ben Mendelsohn convaincant dans ses interprétations possédées
par l’obsession charnelle. Ce film halluciné ne laisse tout de même pas indifférent et colle à la peau quelques heures durant. Fusionnant dans de
très beaux tableaux : sordide, violence, spectaculaire morbide et fanatisme pour
les flammes.
Si on lui pardonne la surenchère et considère ce film comme un coup d’essai, Ryan nous
a ouvert les portes d’un univers fécond qu’il lui faudra explorer davantage.
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