Ce week-end j’ai enfin trouvé le temps de visionner Her le
dernier film de Spike Jonze, récompensé par l'Oscar du Meilleur Scénario 2014.
Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly (interprété par Joaquin Phoenix) est écrivain de lettres, de lettres d’amour.
Un job qui consiste à dicter des lettres à son ordinateur (imprimées ensuite de
manière "manuscrites") pour le compte de clients pressés en mal d’exprimer leurs
sentiments. Une mise en situation déjà assez déroutante dans ce futur ultramoderne.
Theodore est en pleine période post rupture, abimé et inconsolable, il s’isole dans sa solitude. C’est
alors qu’il décide d’acquérir un nouveau système d’exploitation informatique,
programmé pour s’adapter à la personnalité de chaque utilisateur et établir un
contact intime avec celui-ci. Il fait alors la connaissance de 'Samantha', une intelligence
artificielle (interprétée par Scarlett Johansson, qu’on ne verra jamais à l’écran).
Va alors se développer une histoire d’amour entre Theodore le déprimé et
Samantha l’OS. Un genre très novateur pour nous public de love story puisque leur
couple ne pourra être perçu que virtuellement.
Tomber amoureux d'un programme informatique peut nous paraître bien ironique et pourtant ! Pas plus ironique finalement que fantasmer sur
une relation via un tchat. Ce film soulève de nombreuses réflexions sur notre
monde actuel, notre quotidien ultra-connecté, notre fuite fréquente face à la complexité
des rapports humains. L’ennui est le mal de notre siècle, on s’ennuie et on se
lasse très très vite, on se nimbe de neutralité et de doutes après nos déceptions amoureuses, on se met en
quête d’intensité par peur d’avoir déjà tout ressenti et de ne plus
découvrir de nouvelles sensations. L’addiction aux réseaux
sociaux et aux applications digitales tend à bercer notre génération d’illusions, à développer notre narcissisme et ainsi à nous
protéger des relations humaines qui pourraient nous paraître contraignantes.
Theodore est ce type d’homme, que j’ai déjà connu, sensible
mais au caractère nébuleux, incapable de faire face à ses sentiments, se renfermant sur
lui-même pour éviter l’opposition, ne renvoyant que de la distance et de la
colère. Alors via l’oreillette, Samantha représente la partenaire idéale :
attentive, drôle, mais surtout jamais envahissante. Mais malgré sa
programmation, les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent. Et
l’amour si futuriste soit-il soulève des émotions corrélatives chez l’être
humain : la jalousie, l’exclusivité, la fidélité, le désir désespéré d’être aimé en retour.
Une réalisation léchée pour un futur d’une tristesse
désarmante. Dans cette fable amoureuse je me suis plus identifiée
au couple qu’il formait avec la fragile Catherine interprétée par Rooney Mara,
le film est d’ailleurs hanté de flashbacks retraçant les images de leur bonheur
évanoui. Et je n’ai pu m’empêcher de verser ma petite larme, retenant que pour
avancer malgré son chagrin mieux faut savoir faire la paix avec son passé.