9.4.15

Chronique cinéma : Lost River


On y est, avril 2015, ce mois si excitant où le 1er film de Ryan Gosling en tant que cinéaste débarque dans les salles françaises.

Inspiré de l'atmosphère morose qui s'est abattue sur Détroit -première grande ville des États-Unis à avoir demandé sa mise en faillite- c’est là que l’équipe a posé ses valises pour le tournage. C’est donc dans une ville en décomposition, frappée par la crise économique et désertée que le film suit les errances de Billy, une mère célibataire qui lutte pour son emprunt, sa maison et ses deux fils. Mais le scénario est beaucoup plus alambiqué : Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant vers une cité engloutie. Nous voilà donc plongés dans un conte social mêlé à une histoire fantastico-ahurissante.

Niveau casting, on retrouve des acteurs analogues à Ryan :

Christina Hendricks (Billy, la mère) n’est autre que la rousse incendiaire avec laquelle il ne se montre pas des plus tendres au sein de Drive.


Ben Mendelsohn, acteur australien avec qui il partage l’affiche de The Place Beyond the Pines et également Eva Mendes rencontrée sur le même tournage et qui désormais joue un grand rôle dans sa vie privée : celle de la mère de leur fille Esmeralda.  


Et Iain de Caestecker, le jeune héros de l’histoire qui ne recense jusqu’alors aucune collaboration avec Ryan mais qui révèle quelques airs physiques.


Pour son premier long métrage -dans lequel il s’abstient de tenir un rôle- Ryan nous présente un production esthétique et poétique. La photographie est soignée dès les premières minutes et l’on perçoit très vite les références aux cinéastes branchés contemporains qui l’ont inspiré : monde de la nuit, bande-son omniprésente, tempo électro, plans fixes, couleurs saturées et néons empruntés à Nicolas Winding Refn le réalisateur de Drive ou encore les traveling sur des paysages baignés de lumière de Terrence Malick.. Grand admirateur de Gaspard Noé (il affirme d’ailleurs que son film préféré cru 2010 est Enter The Void, Aïe !) Ryan Gosling a choisi de confier la photographie à Benoît Debie le directeur photo attitré de Noé. Mais à vouloir sur-esthétiser son œuvre il se perd dans un scénario trop sophistiqué et peu compréhensible. Une œuvre arty qui plaira aux cinéphiles avertis mais qui risque de s’attirer les foudres criants à la caricature prétentieuse du cinéma indépendant.

1h35 il n’en fallait pas plus –ou en tout cas pas si brouillon- car l’intérêt pour le film ne m’est venu que vers la moitié en partie grâce à Ben Mendelsohn convaincant dans ses interprétations possédées par l’obsession charnelle. Ce film halluciné ne laisse tout de même pas indifférent et colle à la peau quelques heures durant. Fusionnant dans de très beaux tableaux : sordide, violence, spectaculaire morbide et fanatisme pour les flammes.

Si on lui pardonne la surenchère et considère ce film comme un coup d’essai, Ryan nous a ouvert les portes d’un univers fécond qu’il lui faudra explorer davantage.


         


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