20.4.14

Her de Spike Jonze



Ce week-end j’ai enfin trouvé le temps de visionner Her le dernier film de Spike Jonze, récompensé par l'Oscar du Meilleur Scénario 2014.

Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly (interprété par Joaquin Phoenix) est écrivain de lettres, de lettres d’amour. Un job qui consiste à dicter des lettres à son ordinateur (imprimées ensuite de manière "manuscrites") pour le compte de clients pressés en mal d’exprimer leurs sentiments. Une mise en situation déjà assez déroutante dans ce futur ultramoderne.

Theodore est en pleine période post rupture, abimé et  inconsolable, il s’isole dans sa solitude. C’est alors qu’il décide d’acquérir un nouveau système d’exploitation informatique, programmé pour s’adapter à la personnalité de chaque utilisateur et établir un contact intime avec celui-ci. Il fait alors la connaissance de 'Samantha', une intelligence artificielle (interprétée par Scarlett Johansson, qu’on ne verra jamais à l’écran).

Va alors se développer une histoire d’amour entre Theodore le déprimé et Samantha l’OS. Un genre très novateur pour nous public de love story puisque leur couple ne pourra être perçu que virtuellement.

Tomber amoureux d'un programme informatique peut nous paraître bien ironique et pourtant ! Pas plus ironique finalement que fantasmer sur une relation via un tchat. Ce film soulève de nombreuses réflexions sur notre monde actuel, notre quotidien ultra-connecté, notre fuite fréquente face à la complexité des rapports humains. L’ennui est le mal de notre siècle, on s’ennuie et on se lasse très très vite, on se nimbe de neutralité et de doutes après nos déceptions amoureuses, on se met en quête d’intensité par peur d’avoir déjà tout ressenti et de ne plus découvrir de nouvelles sensations. L’addiction aux réseaux sociaux et aux applications digitales tend à bercer notre génération d’illusions, à développer notre narcissisme et ainsi à nous protéger des relations humaines qui pourraient nous paraître contraignantes.

Theodore est ce type d’homme, que j’ai déjà connu, sensible mais au caractère nébuleux, incapable de faire face à ses sentiments, se renfermant sur lui-même pour éviter l’opposition, ne renvoyant que de la distance et de la colère. Alors via l’oreillette, Samantha représente la partenaire idéale : attentive, drôle, mais surtout jamais envahissante. Mais malgré sa programmation, les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent. Et l’amour si futuriste soit-il soulève des émotions corrélatives chez l’être humain : la jalousie, l’exclusivité, la fidélité,  le désir désespéré d’être aimé en retour. 

Une réalisation léchée pour un futur d’une tristesse désarmante. Dans cette fable amoureuse je me suis plus identifiée au couple qu’il formait avec la fragile Catherine interprétée par Rooney Mara, le film est d’ailleurs hanté de flashbacks retraçant les images de leur bonheur évanoui. Et je n’ai pu m’empêcher de verser ma petite larme, retenant que pour avancer malgré son chagrin mieux faut savoir faire la paix avec son passé. 


        

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